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POESIAN
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20 juillet 2015

LEILA 1 et 2

Leïla 1

Quand je t’ai connu,
Il y a si longtemps,
Tu venais d’un pays que je ne connaissais pas.
Tu venais comme on disait à l’époque de là-bas.
Tout aurait pu nous séparer,
Dans cette période agitée par la guerre d’Algérie,
L’amour nous a rapprochés.
Nous étions si jeunes alors,
Plein d’innocence et d’illusions,
Mais la vie a tout déchiré.
Nous ne pensions pas encore à la couleur de nos peaux,
Il n’y avait pas encore de haine ni d’exclusion.
L’amour nous envahissait, c’était tout.
Leïla, ce doux prénom qui vient de loin,
Il te va si bien.
Ce prénom c’est le tien,
Mais c’est aussi le prénom de mon amour.
Je le garde bien enfoui au fond du cœur,
Bien caché au fond de mon âme.
Leïla, ce prénom-là, c’était la joie, c’était la vie.
C’était le temps de l’insouciance et de l’adolescence.
C’est un souvenir que je garde au plus profond de moi.
Tu es mon jardin secret, personne ne le saura.

leila

 

 

Leïla (2)

En ce temps-là,
La France avait peur,
Peur de la guerre
Qui se déroulait de l’autre côté de la Méditerranée
Et qui tuait tellement de jeunes soldats.
La France avait peur,
Pas seulement de ton peuple et de ses alliés,
Mais surtout du terrorisme qui commençait à frapper aveuglément.
Nous, nous n’avions pas peur,
Nous étions les plus forts,
L’amour nous protégeait.
Je ne sais pas si tu te rappelles encore,
Cet après-midi que nous avons passé en compagnie des soldats français.
C’était à Orléans,
Sur le pont de chemin de fer qui enjambait la Loire.
Ce pont était gardé par des soldats à chaque extrémité.
Le gouvernement avait peur que quelqu’un le fasse sauter.
Nous nous tenions main dans la main pour le traverser.
Des soldats nous ont parlé,
Peut-être, parce que tu étais bronzée,
Et que moi j’avais la peau blanche.
Ils nous ont fait entrer dans leur wagon qui leur servait de bureau,
Et toute l’après-midi nous avons parlé,
Riant de tout ce qui était drôle,
Nous attristant sur ce qui l’était moins.
Nous avons bu du café et mangé des biscuits qu’ils nous ont donnés.

Ils étaient jeunes, ils avaient peurs, ils étaient heureux aussi de cet après-midi.
Quand nous sommes repartis,
Il faisait presque nuit,
Et là sur ce pont de chemin de fer,
Nous nous sommes embrassés à n’en plus finir.
Et puis, la vie nous a séparés.
Leïla, mais qu’es-tu donc devenue,
Dans ce monde de souffrances?
Toi si douce et si innocente.
Qu’es-tu devenue dans ce monde de violences?
Es-tu restée ici ou bien repartie là-bas?
Où que tu sois, si un jour tu lis ce texte,
Tu sauras que je ne t’ai pas oubliée,
Et qu’il m’arrive encore de penser à toi.
Toi qui fus mon amour,
En cette période de troubles,
Au temps de notre adolescence.
Au temps de la folie de cette époque, si belle et si cruelle à la fois.
Leïla, je pense encore à toi.

 

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